Rapport économique et social 2023
Le travail temporaire permet aux acteurs économiques de faire face à une conjoncture instable. Lorsque les entreprises connaissent une baisse des commandes, elles réduisent en premier lieu leur recours à l’intérim. Quand la demande redémarre, l’intérim leur permet de transformer instantanément tout surplus d’activité en emploi. La situation conjoncturelle a donc un impact direct et immédiat sur l’évolution de l’intérim.
L’année 2023 confirme ce rôle des agences d’emploi. La stagnation du PIB, l’inflation élevée et les incertitudes géopolitiques ont incité les entreprises à réduire leur recours à l’intérim se situant à 2,9 % (contre 3,2 % cinq ans plus tôt). Dans ce contexte, le recul du nombre d’intérimaires en équivalent temps plein sur cette même année représente - 3,7 %.
À l’image des grandes tendances économiques, l’évolution de l’intérim est caractérisée en 2023 par une baisse des secteurs exposés à la consommation des ménages, une situation contrastée dans l’industrie confrontée à des besoins en compétence, un secteur du BTP fragilisé par l’absence de dynamisme économique. D’un point de vue géographique, l’appréciation du poids relatif des régions de l’Ouest et du Sud, au détriment de celles du Nord et de l’Est, se confirme.
L’emploi intérimaire, qui après les hausses consécutives de 2021 et 2022 de respectivement 18,1 % et 5,1 % avait retrouvé son niveau d’avant la crise du Covid de 2020, enregistre donc en 2023 un nouveau repli le positionnant 1 % en dessous de son niveau de 2019.
En dépit de ce recul d’activité incontestable, les agences d’emploi ont adopté en 2023 une attitude résolument volontariste, tournée vers l’avenir et positionnée en faveur d’un scénario de reprise :
- afin de renforcer leur capacité d’action sur le marché du travail, le réseau des agences d’emploi enregistre 12 260 points de contact, soit 500 de plus que l’an passé. En l’espace de 15 ans, leur nombre a quasiment doublé, car c’est en partie la densité du réseau qui garantit son efficacité. La proximité des agences avec les entreprises et les candidats et leur connaissance des métiers et des compétences recherchées permettent de dynamiser la création d’emplois y compris lorsque celle-ci concerne des missions de courte durée ;
- les agences d’emploi ont en outre massivement investi dans la formation des intérimaires (400 000 en 2023) afin de trouver des solutions aux pénuries de main-d’oeuvre et de positionner favorablement les candidats en vue d’un redémarrage des recrutements ;
- elles ont enfin poursuivi leur diversification dans les services liés à l’emploi en apportant des réponses opérantes à des besoins du marché du travail peu ou mal satisfaits (prestations de recrutement dédiées aux PME et bénéficiant aussi aux employés et aux ouvriers, accompagnement visant à améliorer l’employabilité d’actifs peu qualifiés, innovations sociales pour la gestion de parcours véritablement sécurisés…).
Rapport économique et social 2022
En dépit d’une croissance économique modérée (+2,6%), l’année 2022 est caractérisée par une hausse de plus d’un-demi-million d’emplois salarié. Ce dynamisme du marché du travail s’est accompagné de difficultés de recrutement élevées à la fois pour des métiers requérant une technicité élevée (tels que les métiers du digital, les conducteurs de poids-lourds, les métiers de la santé où ceux de la transition écologique) que pour des premiers niveaux de qualification (caristes, manutentionnaires, serveurs…).
Dans ce contexte, avec 25 000 emplois équivalent temps pleins supplémentaires, soit près de 5% des créations nettes, l’intérim a joué un rôle significatif pour accompagner le développement des compétences. Avec au total, 3% de l’emploi salarié, l’intérim confirme ainsi sa place sur le marché du travail : une solution d’appoint pour permettre aux entreprises de faire face aux variations d’activité.
Mais au-delà de cette dimension conjoncturelle, les agences d’emploi contribuent à améliorer le fonctionnement du marché du travail en réorientant les candidats vers les métiers porteurs. Pour se faire, elles s’appuient sur :
Un réseau de plus en plus dense composé de 11 730 agences tournées vers l’insertion professionnelle. Là où une personne en CDD se retrouve seule en fin de contrat, le salarié intérimaire bénéficie des conseils et de l’accompagnement de son agence vers les métiers porteurs.
Des investissements massifs dans la formation. Les transformations de l’économie amplifiées en 2019-2020 par la crise du Covid puis en 2022 par la crise énergétique, accentuent les problèmes d’appariement entre l’offre et la demande sur le marché du travail. De manière à apporter des solutions concrètes aux recruteurs, les agences d’emploi ont investi 700 millions d’euros pour le financement de formations débouchant immédiatement sur un emploi.
Des innovations sociales. Dans un environnement économique incertain, elles emploient plus de 50 000 CDI Intérimaires, alliant flexibilité et sécurité, en apportant des garanties en matière d’employabilité et de rémunération y compris entre les missions.
Plus que jamais en 2022, l’emploi intérimaire, s’avère être une forme de flexibilité responsable, jouant un rôle d’amortisseur social et favorisant l’insertion de personnes qui à 84% étaient dehors du marché du travail avant leur embauche en intérim.
Rapport économique et social 2021
Après la chute historique du Pib (-8,0%) enregistrée en 2020, l’activité économique est repartie à la hausse en 2021 (+7%), retrouvant même en fin d’année son niveau d’avant crise. Dans ce contexte, le travail temporaire, secteur particulièrement sensible à la conjoncture, qui avait perdu 150 000 emplois en 2020, s’est lui aussi progressivement redressé pour retrouver au 4ème trimestre, un niveau comparable à celui de 2019. L’accélération de la reprise dans les tous derniers mois de l’année n’efface toutefois pas une baisse moyenne de 4% en 2021 comparée à l’année de référence qu’est 2019.
En dépit des fortes perturbations induites par la crise du Covid, l’économie a donc fait preuve d’une remarquable capacité de rebond et l’intérim en a été l’un des acteurs. La pandémie s’est traduite à la fois par des destructions massives d’emplois dans certains secteurs et au contraire, par d’importantes créations dans d’autres. Les entreprises dans les domaines de la santé, du commerce électronique, du numérique, de la logistique ont résisté, voire se sont développées, quand d’autres, dépendantes du tourisme, du transport, des loisirs, de l’évènementiel, ou de fournisseurs ne pouvant plus honorer leurs commandes…ont été confrontés à de graves difficultés. Ainsi, les besoins en emploi ont sensiblement évolué nécessitant le redéploiement de nombreuses compétences.
Les agences d’emploi ont activement contribué à réorienter les candidats en recherche d’emploi vers les secteurs porteurs :
Avec un total de 11 237 agences d’emploi, 460 nouvelles entités ont été ouvertes en 2021, permettant de renforcer la capacité d’action des entreprises de travail temporaire, auprès des candidats et des entreprises utilisatrices. Là où une personne en CDD se retrouve seule en fin de mission, le salarié intérimaire bénéficie de la connaissance du marché du travail de son agence lui permettant d’être accompagné vers les métiers en croissance.
Les transformations de l’économie ont accentué les problèmes d’appariement entre l’offre et la demande sur le marché du travail, les compétences disponibles correspondant de moins en moins aux compétences recherchées. Les agences d’emploi se sont donc attachées à former davantage, de manière à répondre aux nouveaux besoins des recruteurs. Pour se faire, en 2021, elles ont notamment mis en œuvre avec les partenaires sociaux de la branche, un accord renforçant les fonds conventionnels dédiés à la formation des intérimaires.
Dans un environnement économique incertain, elles ont par ailleurs signé 30 000 CDI Intérimaires supplémentaires, sécurisant la situation professionnelle de 50 000 salariés grâce à ce contrat, en leur apportant des garanties en matière d’employabilité et de rémunération (y compris entre les missions).
Entre le 4ème trimestre 2019 et le 4ème trimestre 2021, ce sont ainsi près de 200 000 emplois, soit le quart des effectifs intérimaires, qui ont changé de nature sectorielle démontrant l’ampleur de la contribution des entreprises de travail temporaire au soutien à la reprise.
Rapport économique et social 2020
Avec une chute du PIB de 8,3 %, l’année 2020 est marquée par une rupture économique inédite. Le travail temporaire, secteur particulièrement sensible à la conjoncture, a, dans ce contexte, reculé de 23,6 %.
Si les deux premiers mois de l’année se sont inscrits dans la continuité des tendances de 2019 (avec une baisse d’environ 5 %), la crise sanitaire survenue à la mi-mars a fait plonger l’intérim. En quelques jours, le nombre d’intérimaires en mission s’est effondré (- 65 %), restant ensuite tout au long du premier confinement bloqué aux alentours de - 50 %. Le « déconfinement » en mai a conduit mécaniquement à une amélioration de la situation (- 20,9 % au troisième trimestre) puis à un redressement lent et progressif. Toutefois, les incertitudes liées à la pandémie n’ont pas permis de reprise franche en fin d’année (- 12,1 % au quatrième trimestre).
En dépit de cette crise historique, les agences d’emploi ont adopté une attitude résolument volontariste, tournée vers l’avenir et positionnée en faveur d’une reprise rapide. Avec plus de 10 000 agences en fin d’année 2020, celles-ci ont maintenu leur capacité d’action. Avec le CDI intérimaire, qui permet de sécuriser la situation de leurs salariés y compris pendant les périodes d’intermission, elles ont continué de développer (au rythme de 20 000 nouveaux contrats annuels) cette solution opérationnelle et originale.
L’histoire économique nous montre que les chocs conjoncturels accélèrent les mutations de l’emploi. La crise de la Covid-19 est, à cet égard, un cas d’école : elle s’est traduite par un effet différencié sur l’activité des entreprises selon leurs secteurs [...]
Rapport économique et social 2019
L’année 2019 constitue une année de transition. Après quatre ans de progression, l’emploi intérimaire s’est contracté (- 4,4 %). La conjoncture internationale moins porteuse, les difficultés spécifiques rencontrées par le secteur industriel et tout particulièrement l’automobile, ont pénalisé cette forme d’emploi qui joue souvent le rôle de variable d’ajustement à la hausse comme à la baisse. Dans ce contexte, la tertiairisation du travail temporaire s’est accélérée, avec un secteur tertiaire qui pèse désormais davantage que l’industrie dans la structure des missions réalisées.
Parallèlement à l’intérim, l’activité de recrutement des agences d’emploi s’est maintenue à un niveau élevé avec plus de 100 000 réalisations et le CDI intérimaire, qui permet de sécuriser l’emploi entre les missions, s’est déployé au rythme de 30 000 contrats annuels.
Les deux premiers mois de 2020 se sont inscrits dans la continuité des tendances de 2019 avant que ne survienne, à la mi-mars, la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus. En quelques jours, l’emploi intérimaire s’est effondré (- 65 %), restant bloqué à ce niveau tout au long du confinement. Ainsi, entre la mi-mars et la fin avril, c’est l’équivalent de 475 000 emplois qui ont été détruits dans le secteur du travail temporaire, effaçant près d’un quart de siècle de croissance avec le plus bas niveau enregistré depuis 1996. Au cours de cette période, l’activité partielle a permis d’atténuer la baisse, laquelle s’est située aux alentours de - 50 %.
Le « déconfinement » en mai a conduit mécaniquement à une amélioration de la situation, mais celle-ci demeure préoccupante : à la fin du premier semestre, seule la moitié des emplois intérimaires détruits ont été regagnés [...]
Rapport économique et social 2019